Jo contre un arbre

C’est un géant des bois qui frappé par un sortilège s’effondra au bord d’un ravin avant d’être lignifié. De ses pieds s’érigèrent des branches, de sa tête s’enfoncèrent des racines dont l’entrelacs subtil, contraint par le vent qui pousse et la roche qui se fissure, le protège du précipice. Il partage désormais la condition précaire des pins du bout des terres qui couronnent les arêtes du paysage, comme des presqu’îles dans l’azur du ciel. D’ici, la grande bleue est d’abord aérienne. Il semble que l’arbre aux aiguilles ait tissé un voile sur l’abîme. Dans l’échancrure de son tronc, un insouciant plant de romarin a cru bon de s’établir. Rejoignons de même l’incertain conifère, asseyons-nous sur les bancs résineux de ses jambes et laissons filer nos pensées dans l’ascendance de la brise. Peut-être l’entendrons-nous parler. Un jour, me confia-t-il, le sort fut levé pour une heure, j’aurais pu courir m’enraciner ailleurs, et pourtant, sans en comprendre le sens, c’est ici que je restai. (Mon Arbre Remarquable, Irstea, 2018)

Suburi

Se servir de l'arbre comme partenaire, et de son imagination...

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